Description:
Dans cet épisode, James Parkyn et François Doyon La Rochelle commenceront par discuter les stratégies de planification fiscale de fin d’année pour les investisseurs.
Ensuite, ils accueilleront Raymond Kerzerho, chercheur principal chez PWL Capital, pour discuter de son dernier blogue sur les principaux régimes de retraite du Canada.
François Doyon La Rochelle : Bienvenue à Sujet Capital, un Balado mensuel à propos de la gestion passive de portefeuille et de la planification financière et fiscale pour les investisseurs à long terme.
Vos hôtes pour ce Balado sont James Parkyn et moi-même François Doyon La Rochelle, tous deux gestionnaires de portefeuilles avec PWL Capital.
Au programme aujourd’hui pour l’épisode #58 :
Pour notre premier sujet, puisque nous approchons de la fin de l’année 2023, nous discuterons des stratégies de planification fiscale de fin d’année pour les investisseurs.
Et pour notre prochain sujet, nous discuterons avec Raymond Kerzerho, chercheur principal chez PWL Capital, de son dernier blogue sur les principaux régimes de retraite du Canada.
Bonne écoute !
François Doyon La Rochelle : C’est à nouveau le moment de l’année où nous couvrirons les stratégies de planification fiscale de fin d’année pour les investisseurs. C’est une tradition annuelle pour nous dans notre le podcast. Nous tenons à rappeler à nos auditeurs que les idées et les conseils que nous partagerons seront de nature générale. On aurait besoin d’une compréhension plus détaillée de la situation fiscale et financière d’un investisseur pour donner des recommandations spécifiques. Les auditeurs devraient consulter leurs conseillers fiscaux, leurs gestionnaires de portefeuille et leurs planificateurs financiers pour obtenir des recommandations personnalisées.
James Parkyn : Francois, je tiens à rappeler à nos auditeurs que lorsque nous parlons d’impôts, on adopte une approche d’optimisation, qui est un concept très différent de celui de minimisation des impôts. Par optimiser, on entend que vous devez penser non seulement à l’année fiscale en cours, mais aussi à l’évolution de vos actifs à plus long terme et à la manière dont vous devrez planifier vos retraits actuels et/ou futurs de revenus de retraite de manière fiscalement efficace.
J’ai souvent insisté sur le fait que la plupart des investisseurs ont accumulé des actifs en 3 paniers:
François Doyon La Rochelle : À titre de rappel à nos auditeurs, idéalement, vous voulez payer votre épicerie avec le panier du milieu. Nous rencontrons souvent des clients potentiels qui viennent nous voir et qui n’ont pas de fonds accumulés dans le panier du milieu. Ou pire encore, ils arrivent à l’âge de 71/72 ans avec tous leurs actifs accumulés dans un REER ou un FERR et aucun argent dans les deux autres paniers.
James Parkyn : C’est un excellent point, François. La question qui se pose maintenant est par où commencer votre planification fiscale de fin d’année ? Je vais diviser le tout en quatre sujets pour nos auditeurs :
François Doyon La Rochelle : Le premier sujet de planification porte sur comment optimiser les gains et les pertes en capital imposables. Vous devez connaître l’historique de vos gains et pertes en capital pour 2023 : Commencez par obtenir le rapport sur les gains et pertes en capital réalisés pour l’année 2023 pour vos comptes imposables. Pour les sociétés de gestions de portefeuilles, le rapport sur les gains et pertes réalisés doit être basé sur la fin de l’exercice fiscal.
James Parkyn : Pour nos clients qui sont avec nous depuis de nombreuses années, la plupart ont bénéficié du report des gains des stratégies passives. Nous avons optimisé au fil des année, la réalisation des gains en capital du portefeuille du côté des actions. Mais je rappelle à nos auditeurs que les décisions d’investissement des investisseurs doivent toujours primer sur les considérations fiscales.
François Doyon La Rochelle : Je suis tout à fait d’accord, James. Ça signifie de revenir à l’ingénierie de votre portefeuille. Il est toujours important de s’assurer que votre allocation d’actifs actuelle est conforme à votre allocation d’actifs cible à long terme. La principale raison du rééquilibrage est de revenir à votre allocation d’actifs cible à long-terme. Dans un marché des actions à la hausse, si vous ne rééquilibrez pas votre portefeuille, vous finirez par avoir un pourcentage plus élevé en actions et donc un portefeuille plus risqué et plus volatil. Il est toujours préférable de rééquilibrer son portefeuille régulièrement et générer des gains au lieu d’attendre qu’une baisse du marché le fasse pour vous.
James Parkyn : Alors François, par où commence-tu le processus de rééquilibrage ?
François Doyon La Rochelle : Je conseillerais nos auditeurs de tenir compte de quatre éléments avant d’effectuer des transactions dans leurs portefeuilles :
James Parkyn : J’ajouterais des précisions François, la règle fiscale est que toutes les pertes que vous n’avez pas utilisées dans l’année en cours peuvent être reportées en arrière de 3 ans ou reportées en avant indéfiniment. Pour pouvoir utiliser une perte dans l’année en cours, la transaction doit être réglée avant la fin de l’année. N’oubliez pas que pour éviter que la perte soit considérée comme « superficielle », il est important que vous ou une personne affiliée ne rachetez pas une position identique 30 jours avant ou après la vente.
François Doyon La Rochelle : Vous devriez toujours commencer votre processus de rééquilibrage dans vos comptes enregistrés car la vente d’une position a gains n’aura aucune conséquence fiscale. D’un autre côté, le rééquilibrage dans un compte imposable peut déclencher un gain en capital et des impôts à payer. Pour les investisseurs qui doivent effectuer leur retrait annuel de leur FERR avant la fin de l’année, je suggère de profiter de cet exercice de rééquilibrage afin d’avoir les fonds nécessaires pour votre retrait.
James Parkyn : Les investisseurs doivent également être à l’affût des distributions de gains en capital de fin d’année des FNB et des fonds communs de placement. Normalement ces distributions se font en décembre. Ces distributions sont le résultat des ventes de titres par le gestionnaire du fond au cours de l’année et si vous détenez votre FNB ou votre fonds commun de placement dans un compte imposable, vous risquez d’avoir à payer des impôts sur ces distributions.
François Doyon La Rochelle : Le problème avec les distributions des gains en capital en fin d’année, c’est que contrairement aux distributions mensuelles ou trimestrielles qui sont payées en espèces, les gains en capital distribués en décembre sont versés comme une distribution réinvestie, donc vous ne recevez pas d’argent. Pour un investisseur qui détient la position dans des comptes non enregistrés (ou taxables), les impôts devront être payés même si vous n’avez pas reçu d’argent.
James Parkyn : Les FNB et les fonds communs de placement gérés passivement ne distribuent généralement pas d’importants gains en capital de fin d’année, mais il est toujours bon de consulter le site Web du manufacturier de FNB ou de fonds communs de placement en novembre, car les estimations de gains en capital de fin d’année y sont publiées.
François Doyon La Rochelle : Dans certains cas, si le fonds distribue un important gain en capital, il serait peut-être plus avantageux de vendre le titre pour éviter la distribution. Avant d’aller de l’avant et de vendre votre position, assurez-vous que vous ne déclenchez pas un gain en capital encore plus important sur votre transaction. Également, si vous implantez un portefeuille vers la fin de l’année, faites attention aux titres que vous achetez pour vous assurer qu’il n y a pas de grosse distributions de gains en capital.
Maintenant James, peux-tu nous parler des idées de planification concernant les comptes enregistrés : REER, CELI, REEE et le nouveau CELIAPP.
James Parkyn : François, je vais commencer par les REER.
François Doyon La Rochelle : James, Qu’est-ce que tu as à dire maintenant sur le CELI ?
James Parkyn : En ce qui concerne le CELI, il existe de nombreux points de planification :
François Doyon La Rochelle : Maintenant James, on va aborder le nouveau Compte d’épargne libre-d ’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP). On a abordé ce sujet dans notre Podcast #52 publié en début d’année.
James Parkyn : Pour les CELIAPP, il existe de nombreux points de planification :
François Doyon La Rochelle : On va maintenant aborder les Régimes d’épargne d’étude, un sujet qu’on a couvert dans notre récent balado #56.
James Parkyn : Je vais résumer les principales stratégies de planification en fin d’année pour les REEE.
François Doyon La Rochelle : Le gouvernement fédéral a apporté des modifications à l’impôt minimum de remplacement (IMR) qui entreront en vigueur en 2024. James, peux-tu nous résumer brièvement le fonctionnement de l’IMR ?
James Parkyn : Tout d’abord, l’IMR concerne très peu de contribuables. Dorénavant, les nouvelles règles s’appliqueront aux contribuables dont le revenu imposable est supérieur à 173 000 dollars. Les changements auront un impact significatif sur les contribuables à hauts revenus qui font d’importantes donations à des œuvres caritatives.
Le système de l’impôt minimum de remplacement (IMR) impose un niveau minimum d’imposition aux contribuables qui demandent certaines déductions, exemptions ou crédits d’impôt pour réduire l’impôt qu’ils doivent à des niveaux très bas. Dans le cadre du système IMR, il existe un calcul parallèle de l’impôt qui autorise moins de déductions, d’exemptions et de crédits que dans le cadre du calcul de l’impôt sur le revenu normal. Si le montant de l’impôt calculé dans le cadre du système IMR est supérieur au montant de l’impôt dû dans le cadre du système fiscal normal, la différence due est l’IMR à payer pour l’année.
François Doyon La Rochelle : Alors James, c’est quoi les changements pour 2024 ?
James Parkyn : Les changements pour 2024 comprennent l’augmentation du taux de l’IMR à 20 %, l’augmentation de l’exemption de l’IMR à 173 000 $ de revenu imposable, et l’élargissement de l’assiette de l’IMR en limitant certaines exemptions, déductions et crédits qui réduisent les impôts.
François Doyon La Rochelle : Donc qu’est-ce que les contribuables devraient faire avant le 31 décembre ?
James Parkyn : Compte tenu des nouvelles règles de l’IMR, les contribuables qui prévoient des dons importants en 2024 devraient envisager de faire ces dons avant le 31 décembre. Pour de nombreux contribuables à hauts revenus, les dons d’actions avec des gains en capital importants à un organisme de bienfaisance enregistré ou à une fondation est une stratégie de planification fiscale de fin d’année courante.
François Doyon La Rochelle : Oui, cette stratégie de planification fiscale de fin d’année est intéressante car vous obtenez un reçu fiscal pour dons équivalant à la juste valeur marchande du titre donné.
James Parkyn : J’ajouterais, François, que l’un des principaux avantages fiscaux du don « en nature » d’action ayant accumulé d’importants gains en capital est qu’il permet également d’éliminer l’impôt sur ces derniers.
François Doyon La Rochelle : Oui, on le fait pour de nombreux clients. Les contribuables doivent planifier les dons en nature bien avant la fin de l’année, afin d’avoir de suffisamment de temps pour effectuer ce type de don. James, je pense qu’il serait utile pour nos auditeurs de connaître les nouvelles règles de l’IMR et leur impact sur les dons importants.
James Parkyn : Si un contribuable prévoit de faire des dons importants à des œuvres de bienfaisance, les nouvelles règles de l’IMR entraînent deux changements importants. À partir de 2024, seuls 50 % du crédit d’impôt pour dons seront pris en compte dans le calcul de l’IMR (contre 100 % actuellement). Deuxièmement, si vous faites des dons d’actions, 30 % du gain en capital sur ces titres sera inclus dans le calcul du revenu total pour fin de l’IMR. Actuellement, aucun gain en capital n’est pris en compte.
François Doyon La Rochelle : On recommande à nos auditeurs de consulter leur conseiller fiscal bien avant la fin de l’année afin de déterminer les stratégies susceptibles de réduire leur exposition à l’IMR.
James est-ce qu’il y a d’autres éléments de planification à considérer avant la fin de l’année ?
James Parkyn : Oui, j’ai deux autres points :
François Doyon La Rochelle : Qu’en est-il James des acomptes provisionnels d’impôt pour 2023 ? Qu’est-ce que tu conseille à nos auditeurs ?
James Parkyn : La grande question est la suivante : avez-vous versé suffisamment d’acomptes provisionnels trimestriels en 2023 ? Les derniers acomptes sont dus le 15 décembre. Maintenant que vous avez une idée assez précise de votre revenu total pour 2023, vous pouvez décider si vous devez payer le dernier acompte. Attention : Si vous n’avez pas versé les montants demandés et que vous vous retrouvez avec un impôt important à payer le 30 avril, vous pouvez être sujet à des intérêts pour les montants insuffisamment payés. Il est toujours plus prudent de payer le montant demandé, à moins qu’il n’y ait des changements majeurs dans vos revenus de 2023 par rapport à ceux de 2022.
François Doyon La Rochelle : Un autre point que nos auditeurs doivent considérer est qu’étant donné que les revenus d’intérêts sont beaucoup plus élevés en 2023 qu’en 2022 et même si vous versez tous vos acomptes provisionnels en 2023 comme prescrit, vous risquez de devoir payer des impôts additionnels le 30 avril prochain.
James Parkyn : Enfin, on l’a déjà dit à plusieurs reprises dans nos podcasts, la planification fiscale doit se faire tout au long de l’année. N’attendez pas la fin de l’année pour optimiser vos impôts.
François Doyon La Rochelle : Oui effectivement, et j’espère que nos auditeurs retiendront le conseil. Je pense que nous avons couvert beaucoup de terrain et j’espère que nos auditeurs trouveront cette mise à jour utile. Je tiens également à rappeler à nos auditeurs que nos commentaires et conseils dans ce podcast sont de nature générale et que tous nos auditeurs devraient consulter leurs conseillers fiscaux et financiers.
Francois Doyon La Rochelle : Pour notre prochain sujet, nous accueillons RAYMOND KERZÉRHO, chercheur principal chez PWL, et nous discuterons de son dernier blogue sur les principaux régimes de retraite au Canada.
Bonjour, Raymond, On est bien heureux que tu te joignes à nous aujourd’hui dans notre podcast.
Raymond Kerzérho : Bonjour François, je suis très heureux d’être de retour.
Francois Doyon La Rochelle : Raymond, tu es ici aujourd’hui pour discuter de ton dernier blogue, qui a été récemment publié sur le site web de PWL Capital et qui s’intitule » Douze observations sur les grands gestionnaires de fonds de pension canadiens et huit points à retenir pour les investisseurs individuels”. Au fil des ans, chez PWL, tu as souvent publié des documents de recherche internes sur le sujet. Maintenant que tu as partagé ce dernier blog avec le public, peux-tu nous dire pourquoi l’examen de ces grands gestionnaires de fonds de pension a été un exercice utile pour nos clients et ce que nos auditeurs devraient en retenir ?
Raymond Kerzérho : Les « Neuf Grands » gestionnaires de fonds de pension sont à la fine pointe de la profession. Même s’ils ne divulguent pas tout ce qu’ils font, leurs rapports annuels fournissent de nombreux renseignements. Je pense que quiconque s’intéresse au placement devrait examiner ce qu’ils font et se demander : est-ce que c’est quelque chose qui a du sens pour mon portefeuille ?
Certaines choses ont du bon sens, et d’autres non. C’est la raison pour laquelle j’ai écrit cet article.
James Parkyn : Oui, Raymond, je suis tout à fait d’accord. Les recherches que tu as effectuées pour nous au fil des ans sur les grands fonds de pension canadiens ont été très utiles et nous ont aidés, en tant que gestionnaires de portefeuille, à améliorer l’ingénierie des portefeuilles de nos clients. Nos grands fonds de pension canadiens sont vraiment des organisations de classe mondiale. Comme tu l’as cité Raymond, dans ton introduction, la Banque mondiale a déclaré dans son papier de 2017 sur le modèle des fonds de pension canadiens, et je cite : « Le Canada abrite certaines des organisations de retraite publique les plus admirées et les plus performantes au monde. » Je pense qu’en tant que Canadien et futur retraité, nous pouvons être très fiers que nos dirigeants politiques aient eu la clairvoyance de créer ces fonds et de les laisser indépendants.
Francois Doyon La Rochelle : Je suis tout à fait d’accord avec toi James. Revenons maintenant au blogue de Raymond. Raymond, tu fais douze observations sur les gestionnaires des grands fonds de pension dans ton blogue, tu les as appelés les Neuf Grands, peux-tu dire à nos auditeurs ce que tu entends par là ?
Raymond Kerzérho : Certainement. Les Neuf Grands sont les neuf plus grands gestionnaires de fonds de pension publics canadiens, et ils sont responsables d’actifs d’une valeur totale de 2,1 trillions de dollars. Ce montant est similaire aux montants combinés gérés par les industries canadiennes des fonds communs de placement et des FNB.
Francois Doyon La Rochelle : Donc dans ce groupe, Raymond, on retrouve Investissements RPC, qui gère le régime de retraite canadien, ainsi que la Caisse de Dépôt et Placement du Québec. Raymond, parmi tes douze observations, quelles sont celles qui sont les plus pertinentes pour nos auditeurs
Raymond Kerzérho : Y a trois choses dont j’aimerais discuter ici.
Premièrement, les Neuf Grands connaissent un succès incroyable. Un article publié en 2021 par un groupe de chercheurs révèle que les fonds de pension canadiens surpassent littéralement leurs pairs du monde entier. Les rapports annuels des Neuf Grands le confirment : ils ont tous battu leur indice de référence sur dix ans. C’est un exploit remarquable !
Francois Doyon La Rochelle : Oui effectivement, c’est une belle réussite. En plus d’avoir beaucoup de succès et d’avoir battu leurs indices de référence, qu’est-ce que tu as observé d’autre ?
Raymond Kerzérho : La deuxième chose qui m’a frappé, c’est que ces gestionnaires ont transformé leurs portefeuilles au cours de la dernière décennie. Dans les années 2010, le monde a traversé une période de taux d’intérêt obligataires extrêmement bas. En réponse à cet environnement, la plupart de ces gestionnaires ont considérablement réduit leurs allocations en obligations au profit d’alternatives plus risquées comme les prêts privés, l’immobilier privé et les infrastructures.
Enfin, certaines de ces organisations peuvent être coûteuses à gérer. Collectivement, les Neuf Grands ont coûté 15 milliards de dollars l’année dernière. Les coûts peuvent aller de 0,44 % à près de 1 % de leurs actifs. Mais les fonds qui payent les frais les plus élevés, ne sont pas forcément les meilleurs. En fait, le gestionnaire (parmi les Neuf Grands) qui a le plus surperformé sur 10 ans est également le moins cher. Il y a un dicton qui dit : « Si vous payez des pinottes, vous obtiendrez des singes ». Mais ce n’est pas ce que j’observe avec les Neuf Grands : de faible coûts et d’excellents résultats peuvent aller de pair.
James Parkyn : C’est une très bonne observation, Raymond, et elle correspond exactement à philosophie selon laquelle payer des frais moins élevés augmente les chances de réussite à long terme pour les investisseurs. À partir de tes observations, peux-tu partager avec nos auditeurs les principales leçons à tirer pour nos auditeurs ?
Raymond Kerzérho : Les Neuf Grands font certaines choses que les investisseurs devraient imiter. Ils se diversifient à l’échelle mondiale, puis ils maintiennent les allocations de liquidités au minimum. Ce sont des choses que tout le monde peut faire avec compétence et efficacité grâce aux FNB à faible coût. Une autre chose que j’ai remarquée est qu’ils n’ont pas d’allocations importantes aux fonds de couverture et qu’ils évitent les crypto-monnaies. Je suis d’accord avec ça, je ne toucherais à aucun de ces produits.
Francois Doyon La Rochelle : Raymond, est-ce qu’il y a des choses que tu ne copierais pas des Neufs Grands ?
Raymond Kerzérho : Absolument, il y a des choses que je ne copierais pas, comme le remplacement des obligations par des placements immobiliers et des infrastructures privés. Ces grands gestionnaires investissent beaucoup dans les actifs privés, et ils ont les moyens d’analyser en profondeur ces actifs et de les gérer à des coûts que, franchement, personne d’autre ne peut égaler.
Francois Doyon La Rochelle : Raymond, peux-tu donner à nos auditeurs un exemple de la manière dont les « Neuf Grands » réduisent le coût des investissements privés ?
Raymond Kerzérho : Les neuf grands utilisent plusieurs stratégies pour réduire les coûts de gestion des fonds. Par exemple, ils co-investissent avec des sociétés de fonds de placement privés. C’est très technique, alors pour que ce soit un peu plus clair, ce qu’ils font, c’est qu’ils vont voir les sociétés de fonds de placement privés et leur disent : « D’accord, nous allons investir dans votre fond, et nous vous paierons des frais pour ça. Mais vous nous permettrez également d’investir directement dans les entreprises du portefeuille. Toutefois, sur ces participations directes, nous ne paierons aucun frais. »
Francois Doyon La Rochelle : Raymond, on voit de plus en plus de fonds d’investissement privés qui sont directement offerts aux investisseurs de détail. Qu’en penses-tu ?
Raymond Kerzérho : Les investisseurs doivent se méfier, car les coûts sont très élevés. Mon conseil est le suivant : « Ne faites pas ça avec votre portefeuille. Les frais élevés vont enrichir les gestionnaires de fonds à vos dépens. Tenez-vous en à des FNB d’actions et d’obligations peu coûteux et grandement diversifiés, et vous obtiendrez probablement de meilleurs résultats à long terme.
James Parkyn : Raymond, j’ai remarqué dans ton blogue que les rendements générés par ces neuf grands gestionnaires de fonds de pension ont été nettement supérieurs à ceux des marchés de capitaux publics. Peux-tu nous expliquer les raisons ?
Raymond Kerzérho : Premièrement, comme j’ai dit plus tôt, les Neuf Grands surperforment pas mal tout le monde. Ça inclus les investisseurs individuels.
Deuxièmement, les rendements dépendent de la façon dont on évalue les actifs. Entre un tiers et la moitié du portefeuille des Neuf Grands se trouvent dans des actifs privés. Ils engagent des experts pour évaluer ces actifs. Les portefeuilles des particuliers, en revanche, sont valorisés par le marché. Le marché et les experts arrivent parfois à des conclusions très différentes.
Je vais vous donner un exemple :
– L’année dernière, l’indice mondial des fiducies de placement immobilier S&P a enregistré un rendement de -19 % ; ça c’est le rendement selon le marché boursier. Dans le même temps, les avoirs immobiliers mondiaux des Neuf Grands ont enregistré un rendement moyen de +5 %. Deux méthodologies d’évaluation différentes ont donné lieu à des rendements très différents. Je ne dis pas que les experts ont tort, je dis simplement que si les deux portefeuilles étaient évalués selon la même méthodologie, leurs rendements seraient probablement beaucoup plus proches.
Francois Doyon La Rochelle : Oui, dans le jargon financier, on dit en anglais « Marked to Market » ce qui veut dire que la valeur est déterminée par les marchés financiers quotidiennement alors que l’autre ne l’est pas. Je pense également qu’il est juste de dire que ces allocations importantes concernent les investissements illiquides et qu’ils devraient générer des rendements plus élevés.
Raymond Kerzérho : Effectivement François. Maintenant, un troisième et dernier facteur que je voudrais mentionner est que les grands gestionnaires peuvent se permettre de prendre beaucoup plus de risques que les individus. En tant qu’individus, on a une durée de vie limitée et on investit uniquement pour notre propre compte. Les grands gestionnaires de fonds de pension mettent en commun l’argent de millions de Canadiens, et ils vont être là genre… pour toujours. Ça change complètement la donne ! Bien sûr, qu’ils peuvent supporter beaucoup de risques ! Ils prennent plus de risques, donc ils obtiennent des rendements plus élevés. C’est logique !
James Parkyn : Comme tu l’as dit Raymond, c’est tout à fait logique : les risques et les rendements sont liés. Par conséquent, si vous prenez plus de risques, vous devriez être récompensé par des rendements plus élevés. Merci beaucoup Raymond de t’être rejoint à nous aujourd’hui. C’est toujours un plaisir de discuter avec toi de tes dernières réflexions sur l’investissement.
Raymond Kerzérho : C’était un plaisir. Merci de m’avoir invité.
Francois Doyon La Rochelle : Oui, merci Raymond, on espère que tu reviendrais bientôt dans notre podcast. En attendant, j’invite nos auditeurs à consulter ton blogue sur le site de PWL Capital et nous ajouterons un lien vers ton blogue avec le podcast.
François Doyon La Rochelle : Merci James Parkyn d’avoir partagé ton expertise et ton savoir.
James Parkyn : il m’a fait plaisir Francois.
François Doyon La Rochelle : Hé bien c’est tout pour ce 58ième épisode de Sujet Capital ! Nous espérons que vous avez aimé.
N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et suggestions. Vous pouvez nous joindre par courriel à: sujetcapital@pwlcapital.com
De plus, si vous aimez notre podcast, partagez-le avec votre famille et vos amis et si vous n’y êtes pas abonné, faites-le SVP.
Encore une fois, merci d’être à l’écoute et joignez-vous à nous pour notre prochain épisode à paraitre le 18 janvier 2024. Entre-temps, n’oubliez pas de consulter le site Web de sujet capital pour voir nos derniers blogues.
À bientôt!
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